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Saint-Laurent-du-Var commémore l'Armistice

Éclaboussée par les fleurs du mal réunies en gerbes officielles, la lumière hivernale caresse avec éclat ce tableau éternel. Au pied du monument aux Morts laurentin, la plainte douloureuse d’un clairon sans âge, le ruban tricolore des écharpes et ces noms, connus ou inconnus, que des jeunes laurentins égrènent d’une voix mécanique et solennelle.

« Morts pour la France ». Sans ses vieux décorés, tous partis aujourd’hui rejoindre leurs camarades happés en pleine jeunesse, le pays se souvient. Jusque dans ses plus modestes villages où la mitraille a sévi avec autant de force, de cruauté que dans les centres urbains, le onzième jour du mois de novembre reste sacré.

Si loin désormais, mais si proche en ce 98e anniversaire, elle revient discrètement, depuis presque un siècle, le jour de son armistice, frapper au bois parfois un peu amnésique de nos portes verrouillées.

Cette guerre, la Grande, était la « préférée » de Brassens mais pourtant la pire de toutes, s’il est possible de les classer sur l’échelle du malheur, de la douleur. Joseph Segura, maire de Saint-Laurent-du-Var : " Le conflit de 1914 à 1918 fut le premier conflit globalisé. Près de 60 millions d'hommes y furent enrôlés, 10 millions de soldats y périrent, plus de 20 millions blessés - pour beaucoup des « gueules cassées ».Notre pays, la France, a payé le prix fort: 27% des 18-27ans trouvèrent la mort dans les tranchées, l'utilisation des gaz a accru considérablement le nombre de blessés, d'hommes défigurés, meurtris."

Sur la façade de notre chère Histoire, il faut tant bien que mal transformer les champs d’horreur de ce conflit terrible et irraisonné en chants d’honneur. L’exercice, délicat mais porté par des chefs-d’œuvre écrits, filmés et même chantés, parvient à rendre aujourd’hui un visage humain et parfois héroïque à ces batailles sans règles, ces tueries sauvages, cet enfer quotidien imposé à des millions d’humains d’Argonne aux Dardanelles, de Verdun à Notre-Dame-de-Lorette que Joseph Segura, maire de Saint-Laurent-du-Var n'a pas manqué de rappeler.

Parfois paresseuse, imprécise, la mémoire est restaurée, ravivée par ce formidable travail de recherche, par ces actions comme la collecte d’objets, militaires ou ordinaires, ravivant avec une troublante vérité, les malheurs de cette époque si particulière. Les générations à venir vont bénéficier de toutes ces campagnes menées pour chasser définitivement le pire des outrages : l’oubli. Chaque poilu, chaque famille brisée, chaque orphelin, chaque gueule cassée exige au moins ce respect-là.

« Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places, déjà le souvenir de vos amours s’efface, déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri ». Sous la plume d’Aragon (marqué pour toujours par les cris et les chairs meurtries du front) réchauffée par Ferré, le terrible constat. À l’époque des milliers de cœurs et de consciences avaient crié « plus jamais ça… »

" A l’heure où l’Europe connaît de nouvelles menaces : celle du terrorisme aveugle que l’islam politique mène sur le sol européen, il convient de se rémémorrer le passé", a conclu Joseph Segura

  • Titre: Saint-Laurent-du-Var commémore l'Armistice
  • Date de publication: 11 nov. 2016
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