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Bernard Pivot, un véritable "gratteur de têtes" le 31 mars et le 1er avril au théâtre Georges Brassens

Alors que sa venue à Saint-Laurent-du-Var est imminente, dans le cadre de son spectacle « Souvenirs d’un gratteur de têtes » qu’il jouera les 31 Mars et 1er Avril au Théâtre Georges Brassens à 20h30, Bernard Pivot a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à nos questions.   

Avez-vous déjà eu l’occasion de venir à Saint-Laurent-du-Var ? Connaissez-vous la région ?

J’y suis venu de nombreuses fois, en vacances. La Côte d’Azur est un lieu de villégiature, où il est toujours agréable de louer une maison, on profite du temps qui est généreux, de la belle saison, mais il est vrai que je n’ai pas d’histoire ou d’expérience particulière avec Saint-Laurent-du-Var.

Diriez-vous que ce spectacle, « Souvenirs d’un gratteur de têtes », est une manière de vous réinventer ou au contraire, de réaffirmer celui que vous avez toujours été ?

Avec ce spectacle, je peux me raconter en ayant un contact « charnel » avec le public, sans filtre, sans l’écran de télévision. Quand Jean-Michel Ribes m’a proposé de monter sur scène, je me suis d’abord demandé si j’y prendrais du plaisir, puis j’y ai vu la possibilité d’être en prise directe avec les spectateurs. A la télévision, vous ne savez pas comment réagissent les téléspectateurs derrière leur écran, s’ils sont contents ou non. Tandis que là, ils sont certes moins nombreux mais vous les entendez respirer, applaudir et surtout rire. C’est quelque chose que j’apprécie énormément, même sur le tard de ma vie.  

De quelle façon votre personnage de « gratteur de têtes » s’incarne dans le spectacle ? Pourquoi vouloir endosser ce rôle ?

En réalité, cela fait référence à une période de ma vie, quand j’étais plus jeune et timide, où j’emmenais les jeunes filles à la fête foraine, « La Vogue » à Lyon, pour un tour de train fantôme. Il y avait toujours quelqu’un habillé en ours ou en singe qui venait vous gratter la tête pour effrayer les passagers et je me suis aperçu qu’en faisant « Apostrophes », j’étais aussi un gratteur de têtes. Ce n’était pas pour effrayer les gens mais pour les inciter à lire, exciter le siège de leur intelligence.

Les mots ont-ils un impact différent qu’ils soient énoncés oralement ou couchés à l’écrit ?

Oui, bien entendu. A l’oral, encore une fois, vous vous adressez directement à un public, mais ce qui fait véritablement la différence, c’est le rire. On peut toujours déclencher des applaudissements, à la télévision, il y a même des chauffeurs de salle, et cela reste très agréable, mais ce que je préfère depuis peu, c’est faire rire les gens, ce qui est impossible à commander, à gendarmer. Vous riez ou vous ne riez pas. C’est un peu comme recevoir une récompense immédiate.

Comment allier le divertissement à la réflexion ? Considérez-vous qu’il y a un temps pour parler des choses sérieuses et un temps pour parler des choses simples ?

Non, au contraire, il y a un temps pour tout mélanger. Ce que m’avaient appris mes professeurs au Centre de Formation de Journalisme, c’est qu’il faut savoir mêler l’humour et le sérieux, la gravité et la fantaisie. Il y a parfois des sujets très graves qu’il est difficile de traiter avec humour, mais j’essaie d’allier les deux quand cela est possible. Vous savez, le divertissement peut toucher les bas-fonds de la médiocrité comme il peut s’élever à l’humour d’un Molière, et entre ces deux extrémités, il y a un gouffre. Je ne prétends évidemment pas être au niveau d’un Molière ou bien d’un Labiche, mais en même temps, je ne tombe pas dans la vulgarité de certains amuseurs professionnels. J’espère donc être à un niveau d’humour qui soit compatible avec l’intelligence et la bienséance.

Quel regard portez-vous sur la littérature actuelle ?

La littérature évolue lentement, comme la langue française. Etant à l’Académie Goncourt, les romans d’une année sur l’autre se ressemblent énormément. Alors il y a des variantes, sur de longues périodes par exemple, on s’aperçoit aujourd’hui qu’il y a beaucoup de romans qui sont des reprises de la vie de personnes très connues. Cela n’existait pas il y a 20 ou 25 ans, mais ce ne sont que de petites modifications. Après, c’est un peu comme le vin, il y a de bons millésimes et des mauvais également. En revanche, la littérature reste très vivante. Les éditeurs sont d’accord pour dire qu’ils n’ont jamais reçu autant de manuscrits qu’aujourd’hui. Le niveau d’éducation s’étant amélioré avec le temps, il est normal qu’il y ait de plus en plus de gens qui lisent et écrivent.

Quels projets, en cours ou à venir, vous occupent ?

Je viens tout juste de publier un livre « La mémoire n’en fait qu’à sa tête », donc je suis actuellement dans une période de promotion, j’interviens aussi dans le cadre de la Semaine de la Langue Française que je parraine et bien sûr, je continue de me produire au travers de mes spectacles, à raison de 4 à 5 fois par mois, pour que cela reste un plaisir.

  • Titre: Bernard Pivot, un véritable "gratteur de têtes" le 31 mars et le 1er avril au théâtre Georges Brassens
  • Date de publication: 24 mar. 2017
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