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Jean Lecourieux-Bory, la photographie ou l’art de la dénonciation

Ancien chef d’entreprise devenu photographe, Jean Lecourieux-Bory est de retour sur la commune pour parrainer le 12e Regard Photographique, prévu du 2 au 16 avril 2021, après avoir été l’invité d’honneur de la 7e édition en 2016 et artiste exposant lors des 8e et 10e éditions, respectivement en 2017 et 2019.

En prévision de sa venue et de la présentation de sa dernière exposition photographique « La Corona Psychose », nous avons pu lui poser quelques questions sur son approche artistique et sa vision du monde.

Bonjour et merci de nous accorder cet entretien. Pour commencer, quel souvenir gardez-vous de votre participation à la 7e édition du Regard Photographique ?

Un excellent souvenir. À vrai dire, c’était le premier festival de photographie auquel je participais. J’y avais présenté ma première série photographique « Petit Patron », qui portait sur les difficultés rencontrées par les entrepreneurs, et j’ai été très heureux de la rencontre avec le public. On se dit que le travail de photographe est d’abord solitaire mais l’objectif, c’est l’aspect humain, créer un échange. 

Qu’est-ce qui vous a encouragé à vous exprimer sur l’épidémie de Covid-19 ?

Avec cette crise et le confinement, il y avait un sujet d’actualité qui puisse s’inscrire sur la durée. Je pouvais traiter de cette période « historique », en étant à la fois dans l’immédiateté du présent et déjà plus loin dans le temps. Dans 50 ans, les gens continueront d’en parler.

Comment aborde-t-on un tel sujet sous un angle plus léger et artistique ?

On vit dans un monde hyper-protégé et à la moindre faille, tout prend une ampleur démesurée avec les réseaux sociaux et la surenchère médiatique. Le coronavirus a accentué ce phénomène et j’ai été séduit par l’idée d’envisager cette actualité de façon sarcastique et humoristique. L’histoire a été tellement riche en absurdité, en panique plus ou moins entretenue, qu’il n’y a aucune redondance dans les 60 photos de la série. Bien sûr, on peut plus facilement se permettre d’en rire en gardant un point de vue extérieur. Après, l’avantage avec ce sujet, c’était de pouvoir me tromper, je ne souhaitais pas transmettre une information retravaillée, sage, vraie ou juste mais plutôt la réaction que j’avais face à elle, à l’instant T.

Vos expositions témoignent souvent d’un système défaillant ou d’un monde en état de crise. Comment analysez-vous cette tendance dans votre œuvre ?

Je dois vivre chaque idée intensément et la crise que nous connaissons, mais aussi la mondialisation, l’écologie, ont traversé mes œuvres et font partie des sujets qui m’animent. La sincérité doit primer dans tout ce que je fais.

La photographie a-t-elle une vocation contestataire selon vous ?

Une photo doit bousculer, être engagée, militante. Mes photos ne sont pas là pour faire joli. En revanche, je ne veux pas tomber dans l’agression et le pugilat, c’est pourquoi je me sers de l’humour pour dédramatiser les situations. C’est ce que j’ai fait dans le cadre de ma dernière exposition en représentant le virus avec une bouteille de corona, la bière.

Avez-vous d’autres projets en cours ou à venir ?

Je travaille sur plusieurs projets et notamment sur une exposition qui s’intéressera à la lourdeur administrative française, avec ses strates, ses décisionnaires etc. C’est un sujet sur lequel il y a beaucoup à dire.

  • Titre: Jean Lecourieux-Bory, la photographie ou l’art de la dénonciation
  • Date de publication: 03 fév. 2021
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